LE BOOMERANG

Par Virginia Brandt Berg


J’aimerais vous parler de quelque chose qui m’a fascinée lorsque j’étais enfant. J’étais allée au cirque et le spectacle se déroulait sur trois pistes. J’en ai un souvenir très clair. Je revois les acrobates qui se balançaient, puis volaient ou sautaient dans le vide. Mais, sur la troisième piste, il y avait quelque chose qui m’intéressait plus que tout le reste.

Un garçon et une fille lançaient des projectiles aux couleurs vives d’un bout à l’autre de la piste. Et ces projectiles parcouraient une certaine distance avant de revenir se planter dans leurs mains. Et cela, quelle que soit la direction où ils avaient été envoyés.

J’étais captivée. Comment ces projectiles pouvaient-ils changer de direction pour revenir à leur point de départ ? À peine avaient-ils été lancés par les jeunes artistes qu’ils leur revenaient droit dans les mains ! Alors j’entendis à côté de moi quelqu’un qui disait ― et c’était la première fois que j’entendais le mot ― : « Ce sont des boomerangs ! » De retour à la maison, je m’empressai de me faire expliquer le phénomène.


Or depuis le jour où j’ai enfoui ce mot dans ma mémoire d’enfant, je l’ai entendu maintes fois prononcé et j’ai constaté que le même phénomène se produisait dans la vie.

Parce que la vie elle-même est un boomerang. Tout ce que vous faites finit par vous revenir un jour ou l’autre. « Tout ce qu’un homme sème, il le moissonne, » lit-on dans la Parole de Dieu. Chaque parole que vous lancez vous revient un jour. Je crois que même mes pensées me reviennent, car, après tout, les pensées sont des choses réelles.

Étrange, cette façon qu’a le boomerang de modifier sa trajectoire pour revenir à son lanceur ! Et non moins étrange est la loi de pesanteur spirituelle, la loi de rétribution. Il s’agit d’une loi infaillible : ce qu’un homme « lance » dans le monde lui reviendra dans sa propre vie. S’il « lance » le pain de la gentillesse, celui-ci lui reviendra comme une bénédiction dans sa vie ! S’il lance une malédiction, tôt ou tard, celle-ci lui reviendra sous la forme d’une plus grande malédiction.

« Vous avez votre boomerang et moi le mien, chacun fonctionne différemment, » objecterez-vous peut-être. Mais la Parole de Dieu est vraie, elle demeure infaillible, et chacune de nos actions nous revient. Je sais que des paroles aimables que j’ai prononcées il y a bien des années ont suivi leur cours et que, récemment, j’en ai récolté de grandes bénédictions. Et il en est de même pour vous aujourd’hui : vous récoltez l’amour et la reconnaissance d’un boomerang que vous avez lancé il y a bien des années.

Je pense à ce père de famille qui vit près de chez moi. C’est un homme particulièrement impatient et irritable. Or, l’autre jour, j’ai entendu son fils lui répondre avec la même impatience, la même irritabilité. Alors j’ai pensé : « Ce n’est que le retour du boomerang. »

Il y a quelques mois, et je ne pourrais jamais l’oublier, j’entendais une brave femme prier. C’était une mère. Elle disait que son garçon s’était dévoyé, et que c’était comme un boomerang parce qu’elle ne l’avait pas élevé dans le droit chemin. La vie de l’enfant, comme le métal quand il est

chaud, avait coulé dans le moule puis il avait durci. Et maintenant qu’il était un homme, elle ne pouvait plus le raisonner. Mais c’était dû à ses erreurs à elle, à son indifférence à l’égard de Dieu et à un manque de prière.

Maintenant, c’était le retour du boomerang et elle se lamentait : « Oh comme les choses étaient différentes alors ! Jamais je n’aurais pensé que ça me reviendrait. Je ne m’inquiétais de rien et ne songeais qu’à profiter de la vie. À mes yeux il était absurde de penser que les choses nous reviennent. » Puis elle ajouta : « J’entends maintenant le cliquetis des menottes, le bruit des portes de prison qui se referment sur mon fils. C’est comme si j’entendais au loin l’écho de ma propre vie et de ce que j’avais semé dans la vie de mon garçon. »

Un matin, dans un hôpital de Miami, en Floride, j’ai rendu visite à deux patientes. La première était Marie Smith, Elle était gravement malade. Sa chambre était remplie de fleurs et de toutes sortes de cartes, avec de jolis petits cadeaux qu’on lui avait envoyés. Elle était entourée de mille petites marques de gentillesse. Mais telle avait été sa vie. Tout au long des années, elle avait semé l’amour et la gentillesse autour d’elle, et voilà qu’à présent cela lui revenait dans cet hôpital, au cours de sa terrible maladie.

Dans une autre chambre, une femme était couchée, aigrie, solitaire. On pouvait lire la méfiance sur chaque trait de son visage. L’égoïsme et l’animosité avaient ruiné sa vie. Elle était étendue là, le visage tourné contre le mur. Autour d’elle-même, elle avait construit un mur d’antipathie, de froideur, de dureté et d’égoïsme, et voilà qu’à présent, sur son lit de mort, elle était enfermée dans la solitude. Quelle différence il y avait entre ces deux chambres ! C’était le boomerang qui revenait de façon différente.

En proverbes 26:27, nous lisons : « Qui creuse une fosse tombera dedans et la pierre reviendra sur celui qui la roule » (Proverbes 26:27 BFC), et puis en Ecclésiaste 11:1: « Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le trouveras après bien des jours » (Ecc 11:1 DRB).

Vivez généreusement, portez-vous au secours de l’affligé, aidez-le à porter son fardeau, soulagez sa peine... Un jour, quel merveilleux boomerang vous reviendra ! (Traduit de l’anglais)